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Dire ses émotions

Pour décrire ce que l'on ressent, rien de mieux que d'enrichir la palette des mots. Ou comment les mots se mettent au service de notre quotient émotionnel.

Silence intérieur
 

De l'usage des mots pour dire nos émotions


Pour étayer cette investigation, je prends mes sources dans un article écrit par Yves-Alexandre THALMANN, professeur de psychologie, pour la Rubriques ECLAIRAGES de Cerveau & Psycho | Juillet-Août 2023 (n°156) - "Pour développer votre QE, lisez des romans !"


Le quotient émotionnel, c'est quoi ?


"L'intelligence émotionnelle a la cote. Et pour cause : si l'on en croit ses défenseurs, elle prédit notre degré de satisfaction dans la vie."

Là où tout le monde évoque le quotient intellectuel (QI), il devient plus courant aujourd'hui de faire aussi référence au quotient émotionnel (QE). Moins scolaire que le QI qui focalise essentiellement les capacités cognitives, le QE s'intéresse à la capacité d'une personne placée dans une situation émotionnellement intense à réagir de façon constructive à ces circonstances difficiles. De fait, le QE est une sorte d'équivalent du QI pour la sphère émotionnelle.


"Sur le papier, les choses semblent claires : l'intelligence émotionnelle regroupe les capacités à reconnaître les émotions, les communiquer et les utiliser à des fins constructives."

Connaître et reconnaitre, c'est avant tout savoir identifier, discerner, qualifier, décrire... En bref, nommer. Le QE est directement lié au vocabulaire émotionnel. Les ressentis humains sont d'une telle densité que seul un langage élaboré et précis peut rendre compte de ce qui est perçu par une personne.


"Plus vous êtes capables de distinguer les différents types d'émotions, mieux vous pouvez les gérer. Les spécialistes parlent de granularité émotionnelle."

Plus les mots sont subtils, plus l'émotion et sa portée sont nuancées : être "en colère", ce n'est pas exactement la même chose qu'être "frustré, déçu, contrarié, agacé, énervé" ; être "joyeux", ce n'est pas tout à fait pareil qu'être "content, enthousiaste, ravi, en extase", etc. La palette langagière, comme la palette d'un peintre, comporte des nuances et des gradations. Certains assemblages lexicaux colorent d'une façon toute spécifique la description des ressentis qui sous-tendent une situation.

Et qui dit situation, dit relation...


Les mots définissent le ressenti


"Selon [Lisa Feldman Barrett, de l'université Northeastern aux Etats-Unis], toutes les émotions sont construites à travers les interactions avec autrui."

Etre capable de dire son ressenti, c'est surtout - à travers le langage- être en capacité de rester en relation avec l'autre, quelles que soient les émotions en jeu. Les émotions, comme les mots, nous mettent en lien avec autrui. Il ne suffit pas d'une expression ou d'une attitude pour comprendre l'émotion de l'autre. Il faut également l'entendre, l'écouter dire / se dire.


"L'idée centrale est que nos sensations intéroceptives renseignent le cerveau sur ce qui se passe dans notre corps".

Une émotion, c'est à la fois une façon de ressentir et une façon de réagir. Une émotion nous met en mouvement vers ... (du latin emovere). C'est un état de conscience passager accompagné de signes physiologiques (pâleur de la peau, rythme cardiaque accéléré, contraction musculaire, etc.) qui se traduit en affects, c'est-à-dire en qualités plaisantes ou déplaisantes.


"Seul le cortex est capable de catégoriser ce maelstrom interne en émotions distinctes grâce au vocabulaire à disposition."

La sensation affective ("plaisant" / "déplaisant") est un marqueur de l'état émotionnel et somatique de la personne. Ce n'est qu'à partir du moment où les affects "plaisants" / "déplaisants" sont qualifiés par le sujet que l'émotion prend conscience d'elle-même : au-delà d'un ressenti corporel -certes impliquant mais déstabilisant-, l'émotion devient vecteur d'expression de soi. L'émotion qui trouve les mots pour se dire est une émotion qui se communique avec précision.


L'intelligence émotionnelle se construit sur la maîtrise d'un vocabulaire riche.


"Ce sont les mots qui permettent de transformer les affects élémentaires en expériences émotionnelles complètes et complexes."

Pour l'auteur, un excellent moyen de développer l'intelligence émotionnelle est la lecture de romans, l'apprentissage de mots nouveaux pour désigner des ressentis et l'intérêt pour les langues étrangères.


"Des aptitudes langagières développées paraissent ainsi indispensables à la maîtrise des émotions".

Plus le langage est précis, meilleure est l'expression de soi, ce qui facilite la maîtrise personnelle dans des situations difficiles, qui engendrent des émotions complexes à vivre et à gérer. Car apprendre à décrire ses émotions, c'est avant tout apprendre à composer avec elles, donc avec soi et autrui.

 

Investigations personnelles


  • Lorsque je vis des situations difficiles, est-ce que j'essaie après coup de nommer ce que je ressens ?

  • Quel usage est-ce que je fais du langage pour me distancier des situations vécues ?

  • Suis-je capable de décrire mes émotions de façon subtile, sur un plan physiologique (=ce qui se passe dans mon corps) et sur un plan affectif (=ce qui entre en jeu chez moi : mémoires, histoire, environnement) ?

  • Qu'est-ce que je fais au quotidien pour enrichir mon champ lexical des émotions ? (lectures, échanges constructifs, ouverture aux langues et cultures étrangères...)

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